Commission d'histoire de l'occupation et de la libération de la France et comité d'histoire de la seconde guerre mondiale - Témoignages de résistants et études sur la résistance

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COPIE                  Monaco, le 7 juillet

Principauté de Monaco
MINISTERE D’ETAT

                        NOTE
                à Messieurs les Chefs de Service


    Selon la volonté formellement exprimée par S.A.S. le Prince le Gouvernement a pris toutes les mesures possibles pour que la Principauté conserve une neutralité complète dans le conflit mondial et s’assure ainsi, pour le présent et pour l’avenir les meilleures garanties de son existence et de son indépendance.
     Le Gouvernement est en droit d’exiger que toute la population monétasque et étrangère seconde une telle politique dirigée exclusivement dans l’intérêt de la Principauté.
     Il est en droit de juger que tout Monégasque qui s’en écarte trahit son Pays et que tout étranger qui, par ses agissements personnels contrevient au principe de la neutralité, trahit les devoirs de l’hospitalité qu’il reçoit à Monaco.
     Le Gouvernement a, en conséquence, le devoir de prendre à l’égard des uns et des autres les mesures que la vie même de la Principauté exige.
     Les Fonctionnaires, plus que tous autres, doivent avoir un sens exact de cette situation, quelle que soit leur nationalité. Tous, au même titre qu’ils soient Monégasques; Français ou Italiens, se sont engagés à servir le Prince et les institutions. Ils ont le devoir de respecter leurs engagements.
     Les objecteurs de conscience, ceux qui, se repliant sur eux-même croient avoir d’autres obligations, incompatibles avec le respect du serment qu’ils ont prêté ou des engagements qu’ils ont pris en entrant au service de l’Etat, tous ceux-là doivent se retirer sans délai des Administrations auxquelles ils appartiennent? S’ils ne le font pas, ils trahissent à la fois leur conscience et leurs devoirs professionnels.
     Au nom de S.A.S. le Prince, je prie Messieurs les Chefs de Service de réunir immédiatement tous les [Fonctionnaires] et Magistrats placés sous leurs ordres et de leur donner lecture des considérations qui précèdent.
     Ils ajoutèrent que les intéressés doivent observer l’attitude la plus correcte non seulement dans le service, mais encore dans leur vie privée, l’acte personnel de l’individu et même ses agissemens équivoques étant de nature à discréditer l’Administration à laquelle il appartient et à compromettre la situation du Pays.
     Ceux qui veulent se plier à cette règle resteront à leur poste.
     Ceux qui ne l’acceptent pas ou ne l’acceptent qu’avec réticence doivent donner immédiatement leur démission.
     Ceux qui, restant à leur poste, y contreviennent seront révoqués sans préjudice d’autres sanctions.
     Le Prince et Son Gouvernement veulent n’avoir autour d’eux que des Fonctionnaires et des Magistrats loyaux et fidèles aux institutions de la Principauté. Les autres doivent disparaître de gré ou de force des cadres de l’Administration.

Le Ministre d’Etat,
     Roblot



Nice le 8 janvier 1945

RAPPORT sur Monsieur ROBLOT, ex-Ministre d’Etat de la Principauté de Monaco,

Responsable de l’arrestation de Mademoiselle Esther POGGIO, fusillée à Nice le 15 aoüt 1944.


     Monsieur Roblot a toujours facilité, dans la Principauté de Monaco, l’action des allemands, ainsi que le placement, par ce dernier de gros capitaux en immeubles, hôtels etc......

     Il a du, sous la pression de l’opinion publique, adressé au Prince Souverain, la démission de Ministre d’Etat et il se trouve actuellement à Paris, mais ce que le grand Public ignore c’est la responsabilité de Roblot de l’arrestation, par la Gestapo, du 7 juillet 1944 d’Esther POGGIO, agent du Service de Renseignements Français, du réseau Reims Noé ex Coty.

     Cette arrestation s’est produite dans les circonstances suivantes:

     Le 3 juillet 1944, la Gestapo arrêté à son domicile à Monaco, Monsieur René Borghini, secrétaire Général du Conseil National, qui était Chef local du réseau de Renseignements Reims Noé, et des papiers de service furent retrouvés dans son bureau. La Gestapo savait qu’Esther Poggio devait se présenter au Conseil National pour prendre, chez Borghini, le courrier hebdomadaire du réseau. La Gestapo demanda à Mr HARDI, appariteur au Conseil National, et à Mme BROUSSE, secrétaire au Conseil National, de prévenir Mr Roblot de la venue d’Esther Poggio, afin que ce dernier téléphona à son tour à la Gestapo. Mais Mr Hardi et Mme Brousse firent connaître formellement à Monsieur Roblot que cette surveillance était en dehors du travail qu’ils devaient fournir au Conseil National et qu’ils se refusaient à exécuter les ordres de la Gestapo. C’est alors que Roblot et son Conseiller à l’Intérieur Monsieur HANNE, demandèrent à la Sûreté de Monaco, l’envoi au Conseil National d’un inspecteur de police qui serait chargé d’arrêter Esther Poggio, lorsqu’elle se présenterait au Conseil National.

     Cet inspecteur, nommé ORRIGO Félix, prit la garde au Conseil National le jeudi 6 juillet 1944. Le même soir Esther Poggio ne s’étant pas présentée, l’inspecteur Orrigo téléphona à Monsieur Hanne pour lui demander s’il devait continuer la surveillance le lendemain. Monsieur Hanne lui répondit qu’il allait demander des instructions à Roblot et une demi-heure après, Hanne téléphona à l’inspecteur Orrigo pour lui ordonner de reprendre sa surveillance le lendemain vendredi. Le vendredi 7 juillet vers 10 heures du matin, Esther Poggio arrive et demande Monsieur Borghini, et l’inspecteur Orrigo la fit entrer dans le bureau du Conseil National pour la garder à vue. Orrigo pria ensuite Madame Brousse d’aller avertir Monsieur Hanne. Ce dernier prévint Monsieur Roblot et ¾ d’heure environ après, 2 hommes de la Gestapo vinrent chercher Esther Poggio en voiture, mais avant de reprendre le chemin de Nice,




celui des deux hommes de la Gestapo, qui paraissait être le Chef, fit arrêter la voiture devant le Palais du Gouvernement de Monaco et pénétrant directement chez Roblot par la grande porte, resta un moment avec lui. Il est à supposer qu’il l’en remercia vivement de l’aide, que le Ministre d’Etat venait de lui fournir.

     Esther Poggio fut [écrouée] aux Nouvelles Prisons à Nice et fusillée le 15 août 1944 l’Ariane à Nice, ainsi que 21 patriotes.

     Ci-joint dépositions de Madame Brousse, Monsieur Hardi et l’inspecteur PARSI Charles, inspecteur à Monaco.

     Il est indenniable que Roblot, si il n’avait pas été à la solde des allemands, aurait pû sauver la vie d’Esther Poggio en donnant des ordres aux inspecteurs de la sûreté, pour la prévenir au moment où elle arrivait au Conseil National, que la Gestapo la recherchait. Mais au lieu de cela, Roblot organisa la souricière que l’on sait, et envoya une jeune patriote de 30 ans à la mort.

     A noter que Monsieur Hanne, Conseiller à l’Intérieur, avait été arrêté au mois d’octobre 1944, par le Comité d’Epuration de Monaco sous l’inculpation d’avoir donné Esther Poggio aux allemands, mais il se défendit en disant qu’ils n’avait fait qu’exécuter les ordres de son supérieur Monsieur Roblot,




Monaco, rapport de police.

Convoquons et entendons: Mr HARDI Charles, appariteur du Conseil National;

     Je déclare qu’au début du mois de juillet 1944, trois jours après l’arrestation de Monsieur BORGHINI, les agents de la Gestapo sont venus au Conseil National et nous ont demandé à Madame BROUSSE et à moi-même un genre de cartouches et un paquet d’imprimés qu’ils avaient laissé au Conseil National le jour de la perquisition.

     Nous avions pensé que ces objets avaient été laissé à dessin au Conseil et nous les avions mis sans [dans] une grande enveloppe cachetée avec mention “Laissé par la police Allemande” nous les leur avons remis.

     Ensuite ces Messieurs ont posé quelques questions à Madame BROUSSE mais je n’étais pas présent. Ils ont ensuite demandé et posé la question suivante: il y a une personne répondant au nom d’ESTHER qui doit venir aujourd’hui ou demain jeudi, si cette personne vient au Conseil National demander Monsieur Borghini, vous les ferez attendre et vous avertirez le Ministre.

     Après le départ des agents de la Gestapo, Mme Brousse et moi eûmes un entretien et nous décidâmes d’aller trouver Monsieur le Ministre le lendemain à la première heure, ne voulant pas nous faire les complices de la Gestapo.

     En effet, le lendemain Mme Brousse qui avait eu un entretien la veille avec MM ROBLOT et HANNE, avait été à nouveau appelés par ce dernier.

     A mon tour, je fus appelé par Monsieur Hanne et le mis au courant des ordres que la gestapo m’avait donné et je lui ai demandé ce que je devais faire en tant qu’employé du Gouvernement. Je n’avais d’ordres à recevoir que de lui, mais je refusais d’exécuter les ordres donnés par la Gestapo.

     Monsieur Hanne répondit “Il y a un inspecteur de la Sûreté qui se chargera de recevoir toute personne qui se présentera au Conseil National.”

     Le vendredi, vers 10 heures du matin; je me trouvais à l’imprimerie de Monaco, pour mon service, lorsque j’appris par Mme Brousse que Mme Esther était arrivée et je me suis dispensé d’aller au Conseil National.

     Je me suis rendu dans le hall de la mairie ou de nouveau Mme Brousse m’a dit que les agents de la Gestapo désiraient avoir un entretien avec Mr JASPARD Sébastien, secrétaire de la Mairie.

     Quelques instants après Mr Jaspard, s’est rendu au Conseil National ou il est resté environ une dizaine de minutes.

SIGNE: HARDI Charles




Monaco,

     Convocant et entendant Monsieur PARSI Charles, inspecteur de Sûreté à Monaco.

     Vers le début du mois de juillet 1944, je me trouvais dans le bureau de l’Hôtel des Princes, lorsque Monsieur THOLOSAN, sous-chef de la Sûreté, m’a donné l’ordre d’aller me mettre à la disposition de Monsieur Hanne, Conseiller au Gouvernement pour l’Intérieur.

     Je me rendis immédiatement chez ce Monsieur qui me déclara: “d’aller rejoindre le brigadier ORRIGO qui se trouvait dans les locaux du Conseil National à Monaco-Ville et me recommanda de me mettre en rapport avec lui au sujet de la surveillance d’une dame qui était gardée à vue dans les locaux par mon collègue ORRIGO”. Il me déclara également que cette femme devait être gardée à vue et que nous étions entièrement responsables si elle venait à partir. Ceci se passait vers les 10 heures. Environ une heure après j’ai vu arriver une voiture Citrôen, traction avant occupé par trois messieurs qui se présentèrent à nous, et ayant [demandé] ce qu’ils voulaient, ils nous ont déclaré être de la Police Allemande et qu’ils venaient pour mettre en état d’arrestation mademoiselle Esther Poggio. Aussitôt ils ont pris tous les papiers en possession de cette dame, fouillèrent sa valise personnelle et lui demandèrent ou se trouvait la lettre qui lui avait été donnée à Nice par un Commandant et qui était destinée à Monsieur BORGHINI (je tiens à vous faire remarquer que Mademoiselle Esther nous avait demandé l’autorisation de se rendre aux toilettes, autorisation que nous lui avons accordée spontanément mon collègue Orrigo et moi), il est donc certain que Mademoiselle Esther a certainement détruit ce papier, qu’elle devait posséder car en sortant des toilettes elle nous a remerciés en nous déclarant “je ne vous oublierais jamais”.

     Ces inspecteurs allemands nous reprochèrent vivement d’avoir autorisé Mademoiselle ESTHER à se rendre aux toilettes. Ensuite celui qui paraissait être le chef demanda à voir Mme Brousse, secrétaire au Conseil National, avec laquelle il s’est entretenu pendant 10 minutes environ, mais hors de notre présence. Au retour de Mme Brousse il nous a déclaré “Garder la encore un moment je vais voir Monsieur le Ministre d’Etat”.

     Vingt minutes [après] ce monsieur de la Gestapo paraissait être le Chef est revenu dans les locaux et a prié cette dame de le suivre dans la voiture. Ils m’invitèrent moi-même de les suivre dans la voiture et m’ont accompagné jusqu’à la Kommandantur ou je les ai quittés.

     J’ajoute que je n’ai fait qu’exécuter les ordres qui me furent donné par monsieur HANNE, Conseiller au Gouvernement, et j’ai été surpris j’ai compris, que je me trouvais en présence de la police allemande.

     L’attitude de mademoiselle Esther a été en tous points magnifiques elle a tenu tête à ces messieurs de la Gestapo avec un cran admirable démontrant chez elle le patriotisme le plus ardent.




Monaco,
DEPOSITION

Convoquons et entendons Madame BROUSSE, secrétaire au Conseil National de Monaco,

     J’ai été avertie par la Gestapo qu’une dame au prénom d’Esther devait venir voir Monsieur Borghini ou lui téléphoner. Si cette dame téléphonait je devais lui dire qu’elle pouvait voir Mr Borghini chez le Commandant à Nice; si cette dame venait je devais la prier d’attendre en disant que je devais aller chercher Mr Borghini au Gouvernement. A ce moment, je devais aller chez Mr Roblot ou ce dernier devait téléphoner à ces Messieurs de la Gestapo. Monsieur Hardi a reçu les mêmes instructions que moi, mais après nous être consultés tous les deux, ni l’un, ni [l’autre] nous ne voulions exécuter les ordres et ce soir là, nous nous étions entendu que nous serions allés le lendemain voir Monsieur le Ministre. Rentrés chez moi, comme j’habite sur le Rocher et comme cette affaire me tracassait à 6 heures et demi, je suis allés au Gouvernement voir Mr Hanne je lui exposais les faits, en lui disant que je ne voulais pas exécuter les ordres qui m’avaient été donné. Là, Monsieur Hanne paraissait visiblement contrarié, m’a [conduite] chez Monsieur Roblot à qui j’ai exposé l’affaire. Monsieur Roblot m’a répondu “Dites-moi exactement les ordres que vous avez reçu de ces Messieurs et ce qu’il faut que je fasse”; alors je lui ai répondu que lorsque la dame serait là il fallait que j’avertisse et que je téléphone à ces Messieurs.

     Le lendemain Monsieur Hanne me demanda dans mon bureau avec Mr Hardi et m’a dit qu’afin de faciliter notre tâche, et pour nous éviter tout ennui, un inspecteur de la Sûreté serait en permanence au Conseil National et se chargerait d’ouvrir la porte et de répondre au téléphone. Le mercredi et le jeudi se passèrent dans l’attente et nous étions tous trois persuadés que cette dame, avertie à la suite de la fuite du jeune homme ne serait pas venue. Le jeudi soir Monsieur ORRIGO téléphona à Mr Hanne pour lui demander s’il fallait qu’il revienne vendredi matin, il lui répondit d’abord que non et quelques minutes après il lui retéléphona pour lui dire qu’il fallait qu’il reste encore la matinée de vendredi. Enfin, à 10 heures quelqu’un sonne à la porte, monsieur Orrigo va ouvrir. En effet c’était la dame avec une valise et qui demandait si Monsieur René était là. Il fit entrer la dame dans le bureau et il m’appella dans le couloir en me disant si je voulais bien aller voir si Monsieur Borghini était au Gouvernement. Je pars, je vais voir Monsieur Hardi qui était à l’imprimerie pour l’avertir que la personne était venue et que j’allais le dire à Monsieur Hanne, étant donné que le Ministre m’avait dit de me conformer aux instructions de ces Messieurs. Monsieur Hanne frappe à la porte de Monsieur Roblot et il lui dit “La personne est là” Mr Hanne me dit ensuite, “ne vous inquietez pas”, je vais envoyer un autre inspecteur. En effet quelques minutes après Monsieur Parsi arrivait au Conseil National.

     Trois quarts d’heure après les messieurs de la Gestapo arrivaient




entrant dans le bureau ou se trouvait la dame. Lorsqu’ils en sortirent un quart d’heure après, l’in [l’un] d’eux m’appela et me demanda si je connaissais Monsieur Jaspard. Je lui ai demandé si c’était bien de monsieur Sébastien Jaspard, le secrétaire enchef de la Mairie, dont il s’agissait. Il me répondit affirmativement en me priant de le conduire chez lui ou d’aller le chercher et de le conduire au Conseil National. Je vais chez Monsieur Jaspard et lui annonce que la Gestapo le demande “MOI” me répondit-il que me veut-ont? je lui ai répondu “je me le demande” Il vient au bureau et s’enferme avec le Monsieur dans la grande salle des séances, environ 20 minutes. Lorsqu’ils sont sortis ils se quittèrent en souriant. Dans la grande salle ou je suis entrée peu après, j’ai remarqué que 2 fauteuils avaient été déplacés et rapprochés l’un de l’autre. Monsieur de la Gestapo demanda aux deux inspecteurs de surveiller la dame en attendant qu’il aille remercie Mr Roblot.

     Le soir même je vois au studio la fille de Monsieur Jaspard qui m’interpelle en me disant qu’avec sa mère elles avaient eu bien peur lorsque Monsieur Jaspard leur avait annoncé que la Gestapo demandait mr Jaspard étant donné qui l’avait demandé. Je lui ai répondu en lui disant qu’en effet j’ai été surprise que la Gestapo demandait Mr Jaspard, étant donné que ce dernier n’avait rien à voir avec le Conseil National. La fille me répond mais oui, c’est ce que je lui ai dit mais papa m’a répondu comme il était à la mairie assez haut placé, la Gestapo voulait avoir quelques petits renseignements sur les employés; Je lui ai fait remarquer que Mr Jaspard n’a rien à voir avec le Conseil National.

8 mai 1945: le journal [...] donne un compte rendu de l’affaire Roblot. 14e page. 4 colonnes

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[...] [...] H. Nicolet
9 Ave Crovelto – tel 026-38
Monaco
[...] Monte Carlo; 01820.




La Résistance en Principauté de Monaco.
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     Un des premiers actes de résistance fut le préparation en Principauté des évasions d’aviateurs anglais et canadiens internés par Vuchy au Fort de la Revère (Alpes-Mmes).
     Il fut préparé par un groupe de résistants avec l’appui des gardiens du Fort. On fit d’abord évader 7 aviateurs, puis 15 qui furent cachés pendant plusieurs jours dans un appartement à Monte Carlo où ils furent évacués par petits groupes sur Marseille et sur l’Espagne.
     Ensuite la plus grosse évasion fut celle de 60 aviateurs qui s’enfuirent du Fort par un tunnel creusé par eux sous l’enceinte mais le nombre d’évadés fut trop important et les résistants chargés de les planquer furent débordés. Bon nombre se firent reprendre par la Gendarmerie et la police tant monégasque que française.
     Toutefois sur ces 82 évadés, 60 environ purent regagner l’Angleterre. Aussitôt après le fort fut évacué d’ordre des autorités de Vichy et les prisonniers restant transférés dans la région de Lyon.
     Ces faits se passaient en 1942 avant l’occupation de la zône.

     En novembre 1942 dès l’occupation de la Principauté par les troupes italiennes, un réseau de renseignements se forma sous le patronnage de SR Belge, ce fut la centrale franco belge qui pris le nom de réseau REIMS-JENNY. Son P.C. était dans un garage de Monte Carlo, parmi ses agents certains étaient dans la sureté de Monaco et dans le personnel de la S.N.C.F. Les renseignements collectés étaient photographiés sur microfilms et éxpédié par un courrier sur Marseille et de là sur l’Espagne.
     En Avril 1943 l’agent chargé du courrier se fit arrêter en gare de Marseille et ensuite déporté. En mai 1943 le responsable du réseau en Principauté, Roger LEY propriétaire du garage Splendid est arrêté à son garage par la police de Vichy sur ordre des autorités allemandes de Marseille.
     Mais réclamé par les autorités militaires italienne qui occupaient la Principauté il leur est remis par les allemands sans son dossier et condamné par le Tribunal militaire italien de BREIL sur ROYA à 18 mois de prison « pour reconstitution d’armée secrète ? », et enfermé à la prison de SAN REMO.
     Malgré ces arrestations la vie du réseau se poursuit et en aout 1943 le réseau est rattaché au BCRA de Londres sous le même nom de REIMS JENNY.
     En décembre 1943 après l’armistice italien et l’occupation de la Principauté par les Allemands, LEY est repris par ceux-ci à la prison de SAN REMO, et tranféré à NICE et ensuite à Marseille aux mains de la Gestapo. Sa femme est arrêtée quelques jours après bien que n’appartenant pas au réseau. Tous deux sont déportés et meurent lui à BUKENWALD et elle à RAVENSBRUCK.
     Ceux qui restent continuent leur travail, mais le 8 Février 1944 deux nouvelles arrestations, celle de Antonin MASSABO et NICOLET Félix, ce dernier réussit à échapper à la Gestapo, mais sa femme, bien que n’appartenant pas au réseau est arrêtée à sa place écrouée aux Nouvelles Prisons de NICE, et relachée huit jours




après. La Gestapo vient à nouveau perquisitionner chez elle en Mai 1944, mais sans l’arrêter.
     A noter que les arrestations sont faites par la Gestapo de NICE, accompagnée d’un Agent de la Police de Monaco.
     Le réseau de REIMS désorganisé par l’arrestation de MASSABO et la fuite de NICODET, qui reste caché en Principauté pendant sept mois, est remis sur pied par ce dernier. C’est René BORGHINI, monégasque, secrétaire du Conseil National de Monaco qui en prend la diraction.
     BORGHINI est arrêté à son domicile en Principauté le 3 Juillet 1944 et son bureau du Conseil National est fouillé de fonds en comble par la Gestapo. Les arrestations se succèdent. DUMOULIN, SAUVAIGO, BOSCAGLI, BRISSON, les trois premiers de la Police de Monaco sont écroués aux Nouvelles Prisons de Nice. Le Commandant DE LATTRE, Paul GUILLEVIN et d’autres sont arrêtés à NICE. Esther POGGIO est arrêté au Conseil National de Monaco à la suite d’un piège tendu par la Gestapo avec l’appui du Ministre d’Etat ROBLOT voir rapport annexé. Les autres agents se planquent – Le réseau est désorganisé définitivement.
     Le 15 Août 1944 René BORGHINI, Esther POGGIO, Paul GUILLEVIN et le Commandant DE LATTRE sont fusillés à l’Ariane.
     Le réseau REIMS implanté en Principauté s’étendait également sur BEAUSOLEIL, ROQUEBRUNE-CAP-MARTIN, CAP D’AIL, MENTON, LA TURBIE. A certains moments il avait même un agent à l’aérodrome de Marignane, et un autre à CANNES.
     Le réseau étant confiné dans le renseignement collecte tous ceux d’ordre militaire : fortifications, mouvements de troupes, mouvements de bateaux. Egalement tous les renseignements politiques, économiques. Un agent de la S.N.C.F., TRADEIL Paul contrôle tous les passages de trains militaires en gare de MONACO deux autres FERRAN et MENEI sont en gare de Monte-Carlo.
     Un agent de NICE SAINT ROCH et un à BREIL surveille la ligne NICE-CONI. Les rapports les plus détaillés sur les mouvements ferroviaires sont acheminés chaque semaine sur Londres.
     Un fichier avec renseignements et photos était tenu à jour sur les collaborateurs, les allemands et les italiens et double transmis à Londres.
     En Novembre 1943 un officier d’Etat Major italien, spécialiste des questions d’artillerie et ayant déserté l’armée italienne au moment de la capitulation italienne nous est ramené par un de ses parents, collaborateur du réseau. Ayant fait partie des commissions d’inspection allemandes des fortifications de la Méditerranée et de l’Ecole supérieure d’artillerie allemande de BEZIERS, il nous a fourni les rapports les plus complets et les plus détaillés sur les fortifications cotières entre SETE et TOULON. Le réseau lui fit passer la frontière italienne en Janvier 1944 et il rejoignit les partisans italiens de la région milanaise. Il se nomme Marquis de Castelbianco, de ROME.
     Les agents de REIMS régulièrement immatriculés a été dans la Principauté d’environ 25, dont deux jeunes filles Mesdemoiselles Paulette LOTTIER et Silène FALETTI.




Alpes Maritimes A. N°. 17. II
19

Dossier recueilli par Ehrmann, correspondant [...AM] de MM. colonel Bernis – president maison de France, Bonavia Nicolet – chef de […eleaux]. Nul s’est parlé dans ces documents

La Résistance en Principauté de Monaco.


     Un des premiers actes de résistance fut la préparation en Principauté des évasions d’aviateurs anglais et canadiens internés par Vuchy au Fort de la Revère (Alpes-Mmes).
     Il fut préparé par un groupe de résistants avec l’appui des gardiens du Fort. On fit d’abord évader 7 aviateurs, puis 15 qui furent cachés pendant plusieurs jours dans un appartement à Monte Carlo où ils furent évacués par petits groupes sur Marseille et [sur] l’Espagne.
     Ensuite la plus grosse évasion fut celle de 60 aviateurs qui s’enfuirent du Fort par un tunnel creusé par eux sous l’enceinte mais le nombre d’évadés fut trop important et les résistants chargés de les planquer furent débordés. Bon nombre se firent [reprendre] par la Gendarmerie et la police tant monégasque que française.
     Toutefois sur ces 82 évadés, 60 environ purent regagner l’Angleterre. Aussitôt après le fort fut évacué d’ordre des autorités de Vichy et les prisonniers restant transférés dans la région de Lyon.
     Ces faits se passaient en 1942 avant l’occupations de la zône sud.

     En novembre 1942 dès l’occupation de la Principauté par les troupes italiennes, un réseau de renseignements se forma sous le patronnage de SR Belge, ce fut la centrale franco belge qui pris le nom de réseau REIMS-JENNY. Son P.C. était dans un garage de Monte Carlo, parmi ses agents certains étaient dans la sureté de Monaco et dans le personnel de la S.N.C.F. Les renseignements collectés étaient photographiés sur microfilms et expédié par un courrier sur Marseille et de là sur l’Espagne.
     En Avril 1943 l’agent chargé du courrier se fit arrêter en gare de Marseille et ensuite déporté. En mai 1943 le responsable du réseau en principauté, Roger LEY propriétaire du garage Splendid est arrêté à son garage par la police de Vichy sur ordre des autorités allemandes de Marseille.
     Mais réclamé par les autorités militaires italiennes qui occupaient la Principauté il leur est remis par les allemands sans son dossier et condamné par la Tribunal militaire italien de BREIL sur ROYA à 18 mois de prison « pour reconstitution d’armée secrète ? », et enfermé à la prison de SAN REMO.
     Malgré ces arrestations la vie du réseau se poursuit et en aout 1943 le réseau est rattaché au BCRA de Londres sous le même nom de REIMS JENNY.
     En décembre 1943 après l’armistice italien et l’occupation de la Principauté par les Allemands, LEY est [repris] par ceux-ci à la prison de SAN REMO, et tranféré à NICE et ensuite à Marseille aux mains de la Gestapo. Sa femme est arrêtée quelques jours après bien que n’appartenant pas au réseau. Tous deux sont déportés et meurent lui a BUKENWALD et elle à RAVENSBRUCK.
     Ceux qui restent continuent leur travail, mais le 8 Février 1944 deux nouvelles arrestations, celle de Antonin MASSABO et NICOLET Félix, ce dernier réussit à échapper à la Gestapo, mais sa femme, bien que n’appartenant pas au réseau est arrêtée à sa place écrouée aux Nouvelles Prisons de NICE, et relachée à sa place écrouée aux Nouvelles Prisons de NICE, et relachée huit jours




après. La Gestapo vient à nouveau perquisitionner chez elle en Mai 1944, mais sans l’arrêter.
     A noter que les arrestations sont faites par la Gestapo de NICE, accompagnée d’un Agent de la Police de Monaco.
     Le réseau de REIMS désorganisé par l’arrestation de MASSABO et la fuite de NICODET, qui reste caché en Principauté pendant sept mois, est remis sur pied par ce dernier. C’est René BORGHINI, monégasque, secrétaire du Conseil National de Monaco qui en prend la diraction.
     BORGHINI est arr6eté à son domicile en Principauté le 4 Juillet 1944 et son bureau du Conseil National est fouillé de fonds en comble par la Gestapo. Les arrestations se succèdent. DUMOULIN, SAUVAIGO, BOSCAGLI, BRISSON, les trois premiers de la Police de Monaco sont écroués aux Nouvelles Prisons de Nice. Le Commandant DE LATTRE, Paul GUILLEVIN et d’autres sont arrêtés à NICE. Esther POGGIO est arrêté au Conseil National de Monaco à la suite d’un piège tendu par la Gestapo avec l’appui du ministre d’Etat ROBLOT voir rapport annexé. Les autres agents se planquent – Le réseau est désorganisé définitivement.
     Le 15 Août 1944 René BORGHINI, Esther POGGIO, Paul GUILLEVIN et le Commandant DE LATTRE sont fusillés à l’Ariane.
     Le réseau REIMS implanté en principauté s’étendait également sur BEAUSOLEIL, ROQUEBRUNE-CAP-MARTIN, CAP D’AIL, MENTON, LA TURBIE. A certains moments il avait même un agent à l’aérodrome de Marignane, et un autre à CANNES.
     Le réseau étant confiné dans le renseignement collecte tous ceux d’ordre militaire : fortifications, mouvements de troupes, mouvements de bateaux. Egalement tous les renseignements politiques, économiques. Un agent de la S.N.C.F., TRADEIL Paul contrôle tous les passages de trains militaires en gare de MONACO deux autres FERRAN et MENEI sont en gare de Monte-Carlo.
     Un agent de NICE SAINT ROCH et un à BREIL surveille la ligne NICE-COMI. Les rapports les plus détaillés sur les mouvements ferroviaires sont acheminés chaque semaine sur Londres.
     Un fichier avec renseignements et photos était tenu à jour sur les collaborateurs, les allemands et les italiens et double transmis à Londres.
     En Novembre 1943 un officier d’Etat Major italien, spécialiste des questions d’artillerie et ayant déserté l’armée italienne au [moment] de la capitulation italienne nous est ramené par un de ses parents, [collaborateur] du réseau. Ayant fait partie des commissions d’inspection [allemandes] des fortifications de la Méditerranée et de l’Ecole [supérieure] d’artillerie allemande de BEZIERS, il nous a fourni les rapports les plus complets et les plus détaillés sur les fortifications cotières entre SETE et TOULON. Le réseau lui fit passer la frontière italienne en Janvier 1944 et il rejoignit les partisans italiens de la région milanaise. Il se nomme Marquis de Castelbianco, de ROME.
     Les agents de REIMS régulièrement immatriculés a été dans la Principauté d’environ 25, dont deux jeunes filles Mesdemoiselles paulette LOTTIER et Silène FALETTI.




Alpes-Maritimes A. N°. [...]. [...]


- 1 -
L’OCCUPATION ENNEMIE A MONACO
Par le colonel [Re...]


     Elle se présente sous deux caractères très différents suivant qu’il s’agit de l’occupation italienne ou de l’occupation allemande la première est hargneuse, la seconde est d’une complaisance qui va jusqu’au crime.


     OCCUPATION ITALIENNE. - Le jour même de l’arrivée des forces d’occupation, un employé italien du Palais qui, flanqué de policiers italiens, a fait acte de véritable police est à son tour arrêté par la police monégasque et conduit vers 17 ou 18 heures à la prison. Une heure après, une section d’infanterie italienne, conduite par un officier et manie d’au moins une mitrailleuse force les postes de la prison et libère l’italien qui venait d’être arrêté. - Le colonel Bernard se souvient certainement de l’incident et du nom de l’individu.
     De nombreux italiens de la Principauté ont [...avoisé] à l’entrée des troupes italiennes et négligé de mettre au milieu des drapeaux italiens quelques drapeaux monégasques ainsi que le prescrivent la loi et les usages.
     Une manifestation d’italiens se rend sur la place du Palais et injurie le Prince et la Famille Princière.
     Le lendemain une contre-manifestation de Français et de monégasques se rend au Palais pour manifester au Prince et à la Famille Princière l’attachement dévoué de la population.




- 2 -

     Parmi les anciens internés beaucoup ne trouvent pas d’autre cause à leur arrestation que d’avoir assisté à cette manifestation.
     Les soldats cependant et même les officiers sont d’aspect peu disciplinés. On se moque de leur manque de tenue militaire sans s’attirer d’inconvénients.
     Mais l’OVRA sévit et arrête à tour de bras...... au total 250 arrestations environ.
     Elle est guidée par certains italiens de Monaco. Il n’y a pour ainsi dire pas d’arrestation sans leur concours et bien souvent elles ont lieu à leur initiative.
     Le Général Commandant la IV° Armée italienne {Général Vercellini) avait cependant publié un avis rassurant (le même qu’à Nice).
     Les arrestations ne motivèrent aucune réaction de la part du gouvernement de Monaco, du moins à la connaissance des habitants.

     OCCUPATION ALLEMANDE. - Elle succède à l’occupation italienne mais il y a déjà longtemps que les allemands surtout des affairistes nazis, se vantant de leur influence au gouvernement de Berlin, sont venus en Principauté et ont entamé des tractations avec le Gouvernement pour obtenir par exemple la création d’un poste de Radio Monte-Carlo. Les projets relatifs à cette création avaient été découverts au Ministère des Affaires Etrangères à Paris. Le Gouvernement de M. Roblot savait parfaitement qu’en 37-38 le gouvernement français s’était formellement opposé à la création de ce poste. Mais l’occasion était trop belle de lui forcer la main. Il n’y manque pas.
     Ces allemands, déjà avant l’occupation, sont en relations étroites et amicales avec l’Hôtel du Gouvernement. Le Ministre s’arrange pour compromettre le Prince lui même en obtenant de lui des invitations au Palais pour des allemands de marque et en l’invitant lui-même à sa table avec ces mêmes allemands.




     Aussi lorsque les Allemands substituent leur occupation à celle des italiens, le Gouvernement de Monaco fait-il afficher sur tous les murs de la Principauté une proclamation aussi dure aux italiens que flatteuse à l’égard des allemands. (Voir pièce jointe dossier Bonavia). M. NICOLET doit me la donner.
     Dans les milieux politiques Monégasques, on regrette que l’influence de la France ait empêché dès le début des hostilités de faire une déclaration de neutralité. Le bruit se répand dans le public d’une politique habile, grâce à laquelle, d’accord avec le [gouvernement] nazi la Principauté s’accroîtrait de Roquebrune et Menton et pourrait, dans ces circonstances plus favorables, faire cesser pour Monaco sa situation d’enclave française.
     Un Consul d’Allemagne est installé à Monaco dans les plus beaux immeubles de la Principauté et y jouit d’une autorité incontestée (avant guerre jamais, il n’y a eu de Consulat Allemand).
     Deux gangsters allemands, Skolnikoff et Charles (Charles Homme de paille de Goering) recelent en Principauté, d’accord avec le gouvernement, tout ce qu’ils ont volé en France. En grande pompes au cours d’un dîner offert par Charles, le Ministre d’Etat, à l’heure du champagne, exhibe la licence donnée par le gouvernement pour l’établissement de la banque Charles.
     Le Gestapo sévit sans contrainte. La police monégasque n’est pas seulement présente à ses expéditions, elle y collabore par ordre. Bien pire est l’arrestation d’Esther Poggio organisée par le ministre pour le compte de la Gestapo. (voir rapport joint au dossier Nicolet)
     Juillet 1944, le jour même où il prêtait à la Gestapo un concours criminel, le gouvernement adressait aux chafs [chefs] de service la note de service qui figure dans le dossier ci-joint (Nicolet) où il est fait état de la neutralité de la Principauté.
     Quelques jours après le gouvernement de Monaco donnait une




nouvelle marque de sa servilité en relevant de ses fonctions de Conseiller d’Etat le Colonel Bernis, que la Gestapo tenait en prison à Belfort.
     Vers le mois d’Août 1944, le Prince Héréditaire écœuré par l’attitude du Gouvernement, essaye d’en débarrasser son pays. M. Roblot fit croire alors au Prince régnant que son petit fils avait organisé un complot contre lui et, finalement, ce fut le jeune Prince qui dut quitter le Palais. Dans l’impuissance de faire quoi que ce soit dans son pays, celui-ci s’engagea dans l’armée française.
     A la libération le Ministre d’Etat, Roblot, prit la [suite] et resta un certain temps caché.
     Après la libération la Principauté essaya de garder à [son] bénéfice le produit des pillages et des rapines des Allemands en France en sequestrant les biens de Skolnikoff, Charles etc... et de trafiquants qui n’avaient opéré qu’en France, à l’exclusion de Monaco
     En résumé : collaboration gouvernementale intime avec l’Allemand dans le pire esprit de Vichy et poussée, dans le cas [d’Esther] Poggio en particulier, jusqu’au crime.

X X X


- II -
LE RESEAU ALLIANCE A MONACO

     Ce réseau créé dès la fin 1940 à Vichy par le Commandant Loustaunau-Lacau, s’organise au début de 1941 à Pau avec le concours du Colonel Bernis, de Monaco, secondé par un adjoint.
     Des difficultés d’installation à Pau obligent le Colonel Bernis à renoncer à sa collaboration à la direction générale du réseau et il rentre à son domicile à Monaco en Mai 1941 décide à




organiser là un centre de renseignements qui travaillera sur [l’Italie] et sur toute la côte méditerranéenne pour le compte du réseau.
     Il trouve sur place des auxiliaires choisis, très qualifiés mais en petit nombre.
     Le poste emetteur qui le met en communications avec Londres est à Nice jusque vers Juillet 1942 et transporté ensuite dans la région de Cagnes.
     Régulièrement, jusqu’à Novembre 1942, il y a ainsi envoi par radio de renseignements chiffrés à Londres plusieurs fois par semaine et comptes-rendus écrits à Toulouse ou Marseille, où s’est transporté le P.C. du réseau.
     La source la plus intéressante de renseignements nous a été ouverte par un italien de Nice qui hante la haine du régime fasciste. Elle sera tarie malheureusement par la défection d’un agent niçois quelques temps avant notre arrestation et celle de tous nos auxiliaires (fin Janvier 1943).
     En fin 1942, nous avons du consacrer nos efforts d’abord à la découverte aux environs de Lyon du Général Giraud, et ensuite de l’organisation de son évasion de France.
     Pour l’exécution de cette dernière, nous avions découvert trois point d’embarquement possibles, un a proximité du Lavandou à la pointe de la Fossette (reconnaissances faites par l’adjoint du colonel) un au Cros de Cagnes, un autre médiocre, à Monaco.
     Le 4 Novembre nous nous trouvions au Lavandou, le Cdt Faye Chef de l’E.M. du réseau, le colonel Bernis, le S/Lieutenant « Cornac » avec M. Richard Receveur des contributions indirectes au Lavandou dans une villa de la Fossette où le Général arriva à 10 heures du soir avec un de ses fils, la Capitaine Baufre, le Lieute-




[...]




était reconstituée et reprenait son activité.
     Malheureusement l’émetteur radio fut surpris au Cros de Cagnes en plein émission et remis par les Allemands à l’OVRA. Par l’émetteur radio et le propriétaire de la maison où il opérait la police remonta jusqu’au colonel Bernis, qui fut arrêté en Janvier 1943.
     Le réseau reconstitua son service sur la région S.E. - Son nouveau chef commit des imprudences fut arrêté et devait disparaître avec 117 membres du réseau dans l’assassinat global du Strubhof en Alsace.
     Des ramifications continuèrent à fonctionner dans la région avec le sous-réseau « Druides ».
     Libéré en Août 1944, le colonel Bernis rentré à Monaco prépara une mission qui devait opérer en Italie, mais la D.G.E.R. lui imposa la collaboration d’exécutants peu sérieux, n’ayant aucun goût pour le risque. La mission qui ne se composait que de deux jeunes gens envoyés de Paris finit par se mettre en route...
     Mais la période héroïque était passée......

Colonel BERNIS.




MONACO EN TEMPS DE GUERRE


Occupation par les troupes ennemies.

Le 11 Novembre 1942. Entrée des troupes italiennes en Principauté donnant lieu de la part des italiens fascistes résidant à Monaco, à des manifestations anti-françaises et anti-monégasques.

     En plus des troupes régulières se trouvaient également une certaine quantité d’agents de l’O.U.V.R.A. (police politique italienne) et, recrutés sur place, des sbires fascistes. Ces fascistes étaient tous des [gens] habitant la Principauté depuis quelques années et qui constituaient la 5e colonne.

     Dès la fin de mois de Novembre 1942, l’O.U.V.R.A. commença à procéder à l’arrestation d’un grand nombre de personnes résidant à Monaco. Les unes étaient déportées dans les prisons en Italie et les autres internées dans le camp de concentration de Sospel, dans la forteresse d’Embua ou dans celle de Modane.

     A part les [réactions] commises par l’O.U.V.R.A. et sa clique on peut dire que les troupes proprement dites n’ont commis aucune dépradation en Principauté.

     Les troupes italiennes se sont retirées de la Principauté le 10 Septembre 1943 au moment de l’armistice Italien.

     Les troupes Allemandes occupèrent aussitôt la Principauté et, avec les soldats, s’installèrent les gendarmes et les agents de la Gestapo (dont le chef était le Comte Von Kageueck installé à l’Hôtel de Paris).

     La gestapo a également procédé à des arrestations.

     Pendant l’occupation allemande, la Principauté a été bombardée à plusieurs reprises et particulièrement en Juillet et Août 1944. Ces bombardements effectués par des avions anglais et américains, avaient pour objet de détruire un blockaus contenant un centre reperage de sous-marins, et de couler des bateaux allemands, transportant des munitions et qui s’étaient refugiés dans le port de Monaco.

     Ces bombardements ont atteint une partie de leur objectif puisque le blockhaus a été mis hors d’usage et que l’Hôtel de la Paix, qui abritait l’Etat-major de la manne allemande, a été détruit. [Malheureusement] une dozaine d’immeubles ont été sérieusement touchés et il faut déplorer 29 morts.

     D’autre part il faut signaler aussi l’exploit, en Février 1944, d’un sous marin Français qui a réussi à torpiller un poseur de mines allemand ancré dans le port de Monaco.

- Préparation des hommes a des coups de mains éventuels.
- Transport et dépôt d’armes.




     En Juin et Juillet 1944, les allemands avaient miné les Jetées et les Quais du port de Monaco qu’il n’ont pas réussi à faire sauter grâce à la vigilence de certains résistants français.

     Les Allemands, pendant leur période d’occupation avaient construit, en Principauté, 4 blockhaus importants dont l’un a été détruit par [bombardements] alliés et les 3 autres volontairement par les allemands au moment de leur départ.

Arrestations opérées en Principauté.

Par les italiens 220 personnes

Par les Allemands 30 personnes

Soit au total 250 personnes

     Sur ces 250 personnes arrêtées :

un patriote monégasque (René Borghoni) a été fusillé par les Allemands à Nice, le 15 Août 1944.
et une dizaine de déportés sont morts dans les camps de déportation.

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Résistance en Principauté

On connait officiellement en Principauté les groupes de Résistants suivants :

En tant que F.F.I.

- Section de l’Armée Secrète rattachée par la suite aux Corps Francs de la libération Nationale (C.F.L.N.)

- Section des Francs Tireurs et Patriotes Français (F.T.P.F) rattachée à Nice.

En tant que F.F.C.

- Réseau Alliance.

- Réseaux Coty, Gallin et Tartene des Forces Françaises combattantes.

- Réseau Carte de Radio Patrie dont tous les agents sont passés (après l’arrestation de leurs chefs de Nice) ou Réseau Jean-Marie de Buckmaster (Libre Résistance)

Activité des groupements de Résistance à Monaco.

- F.F.I.

- Ecole de Sabotage

- Préparation des hommes a des coups de mains éventuels.

- Transport et dépôt d’armes.




F.F.C.

Réseau Jean-Marie

     L’activité du groupe de Monaco de ce réseau peut se résumer comme suit :

- Fourniture de tous renseignements concernant :

- le mouvement des troupes ennemies ;

- la création de ponts fortifiés le long des côtes, ainsi que sur les hauteurs dominant les plages et les principaux passages.

- Etablissement et remise de très nombreuses carte d’identité a des patriotes et à des jeunes français recherchés par le S.T.O.

- Transport de courrier et documents divers.

- Service de liaison avec d’autres villes.

- Transport et dépôt d’armes.

- Travail de démoralisation auprès des soldats assurant l’occupation du Secteur, travail qui à porté ses fruits puisque :

En septembre 1943, environ 30 officiers et 200 soldats italiens ont déporté et ont été accompagnés dans le maquis italien par des agents du réseau, et en Août 1944, une vingtaine de soldats allemands (polonais pour la plupart) se sont rendus avec mitrailleuse, et autres armes, sans combattre

Certains agents du réseau « Jean-Marie » de Monaco ont été arrêtés ce sont :

CATAL Paul, déporté à Bergen Belsen ou il est décédé.

PRAT Antoine, Chef de Réseau de Monaco et sa femme.

PRAT Lyda, tous deux arrêtés par la Gestapo et transférés aux Nouvelles Prisons de Nice.

BONAVIA Jean, arrêté par l’O.V.R.A. et interné pendant plusieurs mois dans le camps de concentration de Sospel et à la forteresse d’Embrun – Il fut également interrogé pendant 3 jours par la Gestapo en Mars 1944 et en Août 1944 condamné à mort il n’a du son salut qu’au débarquement de Provence.

ROCHE Paul, arrêté par l’O.V.R.A., déporté dans une prison en Italie et traduit devant le Conseil de guerre Italien de Breil.

Rapport de M. BONAVICI
Villa les Cactées
Boulevard du Jardin Exotique


MONTE – CARLO




     Malgré que les attestations afficielles [officielles] déterminées par le Ministère de la guerre ne mentionnent pour les agents du réseau gallia de la Principauté de monaco qu’une activité allant de novembre 1943 a avril 1944, les divers agents de gallia, alors a peu prés inconnus les uns des autres, se mirent en action peu après l’occupation Italienne du II novembre 1942.

     Le réseau Gallia est le seul de la Principauté qui compte parmi ses anciens agents d’authentiques monégasques qui ne voulurent jamais dissocier leur petit pays de la grande cause de leur amie la France.
     Le premier travail de ces agents consista à relever avec soin tous les dispositifs militaires installés par l’Armée Italienne à essayer de savoir le nombre exact de soldats italiens cantonnés à Monaco – Beausoleil et les communes environnantes, à noter les déplacements des troupes, les convois par route, par mer ou par chemin de fer se rendant en Italie ou en sortant pour une destination inconnue.
     Les plans et rapports suivaient vers Nice, la voie habituelle secrète de boite aux lettre à boite aux lettres.
     Après l’armistice Italien et le départ des troupes fascistes la Principauté connut l’occupation allemande. Le travail devint plus sérieux. Les Allemands procédèrent à des installations de défense cotière militaire beaucoup plus poussée Malgré que l’action politique aryenne fut incontestablement laissée de côté par les Nazis en Principauté, la surveillance et la défense d’approcher les installations militaires étaient très réussies. Les couvre-feu beaucoup plus sérieux donnaient plus de mal aux agents pour le relevé des convois nocturnes.
     Un bolckhaus [blockhaus], bombardé par la suite, et contenant des appareils de radio imetteurs [émetteurs] et détecteurs, fut placé sous la surveillance spéciale d’un agent qui grâce au bruit [des] génératrices, pouvait noter l’horaire de fonctionnement.
     D’autres agents sillonaient la petite principauté en tous sens notant tout ce que leurs yeux et oreilles pouvaient voir ou entendre. Un agent réussit même à contracter un [soldat] polonais, servant dans la Wermacht qui lui fournit de précieux renseignements.
     Et ainsi, semaine après semaine, très régulièrement les rapports s’envolaient via Londres et Alger.
     Cependant les réponses à ces rapports soulignaient toujours un manque de précision dans l’emploi des termes militaires, alors que des félicitations étaient également toujours adressées au petit groupe. Ceci s’appliquait par le fait que les monégasques n’étant soumis à aucun service militaire ignoraient les nomes appropriés et les termes militaires exacts.
     Explication en fut donnée dans un rapport et dès la semaine suivante il était annoncé au petit groupe Gallia, qui s’en montra toujours très fier, que devant les réels efforts accomplis malgré




une inexpérience involontaire, un officier de l’aviation française serait parachuté en France avec mission de joindre Monaco et de prendre la direction du groupe Monaco du réseau [Gallia]. Ce fut ainsi que le nom de notre réseau nous fut divulgué.

     Trouver un hébergement à cet officier, lui procurer fausse carte d’identité et d’alimentations fut un jeu pour le groupe Gallia sont [dont] les agents finirent pour les besoins de la cause, par se connaître entre eux et constater qu’ils étaient tous de vieux amis.

     Après la cohorte des messages personnels l’officier se présenta le jour prévu à la boite aux lettres du groupe. Jeune et dynamique ne reculant devant aucun danger le travail de renseignements de Gallia sous sa direction acquit la précision nécessaire. Il s’étendit de Menton à Nice malgré le petit nombre d’agents et fonctionna jusqu’à l’extrême limite de la libération de la Principauté, les massages [messages] étant envoyés par radio après la coupure de la voie habituelle.

     A part l’internement provisoire d’un agent par les Italiens (internement qui ne dura que qualques [quelques] jours), le réseau Gallia ne connut en Principauté aucune déportation, aucun mort, aucun besoin de « planques » [planquer] ses agents. Celà s’explique peut-être par les précautions prises et par la chance, mais certainement aussi par le fait que composé par un groupe de vieux amis il était normal de les voir aller les uns chez les autres, discuter plus ou moins ouvertement de choses et d’autres, alors que les renseignements qui nous paraissaient les plus précieux étaient ainsi acheminés vers leur but précis.

     Modeste concours de quelques inconnus à la foi de la Victoire.

Rapport de M. BADIA Commercant
Rue Caroline
Principauté de Monaco.




Envoyé a Paris en double [...]
Lettre du Prince RAINIER distribuée en Principauté en septembre 1944


     Des rumeurs diverses et contradictoires circulant au sujet de mon absence du Palais m’obligent à sortir de la réserve que je désirais garder, pour préserver ma position.

     J’ai quitté le Palais de ma propre autorité le 30 août 1944, tout en respectant la Souveraineté de mon Grand Père, pour protester contre la politique intérieure et extérieure poursuivie par Son Gouvernement depuis le mandat du Ministre d’Etat actuel (Roblot).

     Ma position actuelle n’est nullement dirigée contre S.A.S. le Prince Louis, mon grand père, qui doit demeurer notre Souverain, et à qui je renouvelle tout mon affectueux attachement.

     Mon retour au Palais reste subordonné au départ des membres de Son Gouvernement.

     Monaco le II septembre 1944                  RAINIER DE MONACO

Prince Héréditaire.


Communiqué par Mr Nicolet




Affaire SKOLNIKOFF
envoyé Paris – juin 1949

     Skolnikoff est d’origine russe et possède un passeport d’aptride [d’apatride]. Il serait propriétaire de filatures en belgique travailland pour l’armée allemande. Il a, par l’intermédiaire de Nicolas BLANCHET acquis en Principauté 17 immeubles ou Hotels pour une somme d’environ 500.000.000 de francs. Avec les autres achats sur la cote d’azur on estime ces investissements à I milliard de francs.
     En Principauté toutes ces affaires sont montées en Sociétés Immobilières monégasques, sociétés dans lesquelles ont retrouve toujours les noms de BLANCHET et de CHOISIT Mathieu, caissier à la SBM.
     La Société monégasques Azuréenne montée par SKOLNIKOFF possédait à sa Libération un dépot au Comptoir National d’Escompte de Monte Carlo s’élevant en titres divers à 140 millions de francs.
     L’homme de paille de SKOLNIKOFF, Nicolas Blanchet possédait à la Libération 314000 [francs] en compte courant au Comptoir d’Escompte de Monte Carlo, plus 250.000 francs de titres en dépôt libre à cette même banque.

Nicolas BLANCHET

Homme de paille de SKOLNIKOFF. Habitait chez son frère, Villa Les Platanes, Bd Prince Rainier à Monaco. Petit employé comptable d’abord à l’Hotel Alexandra. Se met au service de SKOLNIKOFF à l’arrivée de celui ci en principauté et devient son homme de confiance. Est nommé secrétaire Administrateur du Groupe SKOLNIKOFF. Traite toutes les affaires et touche de grosses commissions, comme le prouvent ses comptes en Banque. Mené un train de vie fastueux, dont il fait profiter son frère et la famille de ce dernier. Quitte la Principauté quelques jours avant le [débarquement] de Provence, mais sans se douter de ce dernier – car il aurait auparavant vider des comptes en Banque. A été aperçu à Nice au environ de 23 septembre 1944. A disparu depuis cette date et n’est jamais revenu à Monaco. Avait été condamné à mort par Alger avec les honneurs du communiqué à Radio Alger, aux environs de décembre 1943.


Communiqué par M. Nicolet




Envoyé Paris juin [...]

     Extrait de l’affiche signée ROBLOT et apposée sur les murs de la Principauté le 10 septembre 1943 jour de l’entrée des troupes allemandes.

     MONEGASQUES,
     MEMBRES DES COLONIES ETRANGERES DE MONACO,

         «Les responsables du régime que vous avez subi sont partis ou se dissimulent......

         Des Allemands s’installent dans la Principauté parce que les évènements de la guerre l’exigent. Mais contrairement à l’attitude prise par certaines autorités italiennes lorsque les troupes italiennes ont envahi le [territoire], les autorités allemandes ont agi avec la plus grande courtoisie envers le Prince et son gouvernement. »


     Nota bene: les troupes allemandes s’installent...
                      les troupes italiennes ont envahi...



Communiqué par M. Nicolet





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